đź“» Notre intervention sur France Inter

Section image

Le 16 octobre 2025, Aude Véret a été invitée à l’émission Le Mag de la vie quotidienne, sur France Inter, pour réagir aux propos de Margot Brunet, auteure du livre « Naturopathie, l’imposture scientifique ». Dans le bref temps qui lui a été accordé, Aude Véret a posé un regard clair et structuré sur le rôle de la naturopathie en France, sur les défis à relever en matière d’encadrement et de réglementation, ainsi que sur la pratique de la naturopathie à travers le monde.

N’ayant pas eu la possibilité de répondre à toutes les questions qui ont été posées à l’auteure pour apporter nuance et clarté, nous revenons ici sur quelques points importants évoqués pendant la première partie de l’émission.

**

Au fil de l’émission, plusieurs questions ont été soulevées autour de la fiabilité de la naturopathie, de la formation des praticiens, et de la place de cette approche dans le parcours de santé. Ces interrogations sont légitimes et méritent d’être abordées avec rigueur et transparence.

Qu’est-ce que la naturopathie ?

La naturopathie est une discipline qui vise à la conservation, l’optimisation et la restauration du bien-être et de la vitalité par des moyens naturels, dans le respect de la physiologie. Le naturopathe fait la promotion de la santé via des bilans de terrain, des techniques et des ajustements individualisés des habitudes de vie, en intégrant toutes les dimensions de la personne humaine. Éducateur de santé, le naturopathe se focalise sur la prévention et s’implique aussi comme acteur complémentaire au sein de la médecine intégrative. La naturopathie ne se substitue pas à la médecine conventionnelle.

Margot Brunet et Ali Rebeihi ont rappelé les 5 piliers de la naturopathie :

  • Vitalisme
  • Causalisme
  • Holisme
  • HygiĂ©nisme
  • Humorisme

Pour réagir à ce qui a été dit, précisons que l’humorisme auquel la naturopathie se réfère aujourd'hui n’est pas l’humorisme tel que présenté par Hippocrate, mais constitue en fait le « milieu intérieur » (Claude Bernard) de l’organisme : le sang, la lymphe et le liquide interstitiel. La qualité de ces liquides essentiels à la vie joue une part fondamentale dans la santé et le bien-être des individus.

Y a-t-il une réglementation qui encadre la discipline ?

En France, la naturopathie demeure en effet une discipline non réglementée à ce jour, ce qui signifie qu’il n’existe pas aujourd’hui de diplôme d’État ni d’ordre professionnel spécifique. Cette absence de cadre officiel crée une situation ambiguë : elle laisse place à des écarts importants dans la qualité des formations mais aussi à des pratiques qui peuvent s’éloigner de l’éthique ou du sérieux nécessaires à l’exercice du métier.

Aux côtés des autres organisations représentatives de la discipline, l’AFNAT s’est donnée pour mission de structurer et professionnaliser la formation, en s’appuyant sur des référentiels communs et sur le projet de norme AFNOR pour la naturopathie. Cette norme, en cours d’élaboration, définit :

  • le rĂ´le et les limites du naturopathe,
  • les compĂ©tences attendues pour exercer en toute sĂ©curitĂ©,
  • les exigences Ă©thiques et dĂ©ontologiques de la profession.

Sur le plan international, la naturopathie est reconnue dans 104 pays et encadrée et réglementée dans 38 pays. Un cadre clair est nécessaire pour protéger les usagers de la naturopathie.

Que proposent les naturopathes ?

Margot Brunet rappelle que les naturopathes ne font pas de « prescriptions » et ne s’adressent pas à des « patients » : ce sont en effet des termes réservés aux médecins et professionnels de santé de façon générale et la naturopathie n’a pas prétention à s’en réclamer. Pour être plus précis dans la réponse apportée, les naturopathes proposent des conseils à leurs clients (ou leurs consultants) d’abord et avant tout en matière d’hygiène de vie : alimentation, activité physique, équilibre psycho-émotionnel. Ils peuvent ensuite proposer des recommandations en utilisant d’autres techniques comme l’aromathérapie ou la phytothérapie, les techniques utilisant l’eau selon les situations (hamam, sauna, bouillotte, bains), les techniques respiratoires, les techniques manuelles (massages, réflexologie) etc.

Contrairement à ce qu’affirme Margot Brunet, la naturopathie ne repose pas sur l’idée que « tout ce qui est naturel est bénéfique, et que tout ce qui est chimique est dangereux ». Dans le cadre des formations que nous mettons en œuvre (cf. question suivante), les naturopathes disposent des connaissances de base liées à l’anatomie-physiologie du corps humain ; ils sont formés à la reconnaissance des limites de la discipline, qu’elles soient intrinsèques et légales. En ce sens, et nous rejoignons Margot Brunet dans ses propos, « la naturopathie devrait être un outil puissant de prévention. »

Nous ne le répéterons jamais assez : les naturopathes ne peuvent pas et ne doivent pas se substituer à la médecine. Ils ne doivent en aucun cas encourager ou favoriser l’interruption d’un traitement médical.

Comment devient-on naturopathe ? Qu’apprend-on dans les formations ?

Aujourd’hui en France, la naturopathie n’est pas encore réglementée par l’État. Cette absence de réglementation a permis depuis un certain nombre d’années l’essor de nombreuses formations permettant en peu de temps de se déclarer naturopathe, sans disposer d’un socle de connaissances et de compétences.

Les formations sérieuses en naturopathie – celles que nous et les autres organisations représentatives de la naturopathie défendons – reposent sur un socle commun de compétences qui visent à former des praticiens capables d’accompagner les personnes dans une démarche de prévention et d’éducation à la santé. Ce socle s’appuie sur des standards reconnus au niveau européen et international. Elles sont composées en général de 1200 à 1500h heures effectives de cours, auxquelles s'ajoutent entre autres la rédaction d'un mémoire, et comprennent :

  • Des enseignements scientifiques : anatomie, physiologie, biologie, nutrition, phytologie, micronutrition, hygiène de vie, etc.
  • Des approches de terrain : bilans naturopathiques, techniques manuelles, relaxation, gestion du stress, hygiène vitale
  • Une formation Ă  l’écoute et Ă  la relation d’aide, fondĂ©e sur l’éthique et la coopĂ©ration interdisciplinaire
  • Une mise en pratique clinique supervisĂ©e, permettant de relier la thĂ©orie Ă  l’accompagnement concret.

L’AFNAT s’inscrit dans cette dynamique, en promouvant une reconnaissance fondée sur la qualité, la sécurité et la coopération interdisciplinaire. C’est précisément pour répondre à cette situation d'absence d'encadrement que l’AFNAT œuvre, aux côtés des autres organisations représentatives de la naturopathie, à structurer le secteur autour d’un socle commun de compétences, de valeurs et d’exigences professionnelles clairement définies.